Ce projet éditorial met en place un univers dans lequel quatre personnages principaux, un chat, une bûche fantôme, un humain et tyrannosaure, croisent leurs chemins. Ici le dessin, autant vecteur que sujet, vient donner forme à un monde
de feuillage, de prairies, de plages et de montagnes, en tentant de porter le regard avec autant d’attention sur de grandes chaînes rocheuses qu’aux petits mondes dissimulés sous les brins d’herbes et les fleurs. Les fées (sortes de réminiscences medusoïdes) côtoient les prédateurs, les temps se chevauchent, les décors se cachent les uns derrière les autres, les joyeux bûcherons de la Happy Corp. se tirent la bourre avec les fourmis dans leur course folle à l’organisation de leur monde. Ces images sont comme des fenêtres s’ouvrant sur cet univers, tantôt ici, tantôt là-bas, fondant l’avant et l’après dans une sorte d’espace uniforme. Le choix de laisser les planches libres est une tentative d’impliquer le.a lecteur.trice dans la création même de la narration, car face à cet embrouillamini d’ellipses de lieux, de temps, et d’images ou de situations jumelles, il devra trouver ses points d’accroche visuels, afin d’y trouver lui même une cohérence quant à l’ordre des séquences et dans les liens de cause à effet impliquant les différents éléments du récit. L’ouvrage représente un important travail de synthèse, mettant en place des questionnements sur la volonté d’organiser et de rendre cohérent notre environnement réel, aux différents degrés de liaisons entre les êtres vivants peuplant un même monde, sur les échelles de temps et d’espaces divisant en autant de couches ce même monde comme un mille-feuilles, et sur la manière dont toutes ces vérités contradictoires luttent entre elles pour coexister.